Le Far-West américain au temps des cow-boys et des indiens. Au temps de cette frontière qui reculait sans cesse vers l’Ouest sous l’avancée de l'homme blanc. Un roman de western revisité.
Un souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d'une ville naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C'est celui d'Eau-qui-court-sur-la-plaine, une Indienne dont le clan a été décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré de ses déplacements. Elle rencontrera les frères McPherson, Jeff et Brad, traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante dans un chariot tiré par deux bœufs opiniâtres ; Xiao Niù, qui comprend le chant du coyote ; Elie poursuivi par Bird Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d'autres dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où le mythe de l'Ouest américain, revisité avec audace et brio, s'offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous les trafics, à tous les transit.
Née à Rouen en 1969, Céline Minard suit des études de philosophie et devient libraire. En 2004, elle publie son premier texte, R., mais elle est véritablement remarquée trois ans plus tard avec Le Dernier Monde, grand roman d’anticipation mettant en scène un cosmonaute parti sur une station spatiale qui, de retour sur Terre, découvre une planète où l’humanité aurait disparu. Suivront Bastard Battle, Olimpia et So Long, Luise – qui lui vaudra le prestigieux franco-allemand Franz-Hessel. Le grand public découvrira Céline Minard en 2013 avec la parution de Faillir être flingué, western philosophique qui remporta le prix du Livre Inter l’année suivante. Également saluée avec sa fiction survivaliste montagnarde Le Grand Jeu, Céline Minard revient en 2019 avec Bacchantes, un bref roman mêlant le récit de casse et le roman catastrophe. Son dernier livre, Plasmas, paru en 2021, remporte le Grand prix de l’imaginaire.
Faillir être flingué, c'est l'histoire assez banale de la traversée du désert d'une ribambelle de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, mais tous très déjantés, croisant leur route à diverses reprises en luttant pour leur survie, et échouant tous dans cette nouvelle ville qui les accueille les uns après les autres, les rapprochant tous à coup de commerce, de bagarres ou encore de relations amoureuses.
Il y a Brad, Josh et Jeff mènent leurs bœufs blancs qui tirent un chariot dans lequel une vieille femme agonise. Elie Coulter qui vole un cheval car il a honte de marcher. Bird Boisverd qui jure de faire passer le goût du pain au lascar qui est parti avec sa monture. Gifford qui a été sauvé in extremis de la variole par Eau-qui-court-sur-plaine, une indienne chamane sans tribu, Zébulon qui gagne au jeu un cheval volé, Sally la tenancière du saloon, Silas le barbier. Mais aussi Nils, Orage-Grondant, Arcadia, Xiao Niù et les premiers migrants chinois. Et bien sûr les traditionnels bandits du genre qui détroussent les diligences : Quibble et sa bande de dégénérés. On croirait voir des personnages tout droit sortis de Lucky Luke !
Derrière le mythe de la frontière, la farce truculente et les postures attachantes des personnages, l’auteur nous livre aussi une captivante réflexion, en filigrane, sur le contenu utopique de la frontière, thématique qui irrigue le cœur du genre western. Mais bien au-delà de cette considération, le style de Céline Minard fait mouche et vous passez un agréable moment. Vous revivez le temps des pionniers américains comme si vous y étiez (la mort aux trousses et les balles qui fusent en moins).