Très belle biographie de John Muir (1838-1914), inventeur américain et précurseur de l'écologie, qui s'opposa très vite à la vision productiviste du monde actuel.
Inventeur génial dès son plus jeune âge, amoureux de la nature, grand marcheur, il sillonna le monde à pied et fut le premier à percevoir les dangers de l'exploitation de la nature. John Muir aurait pu être millionnaire, il a choisi d'être vagabond. Il a inspiré Alexis Jenni (prix Goncourt 2011). " C'est l'homme le plus libre que j'ai jamais rencontré ", disait de lui Theodore Roosevelt. Né en Ecosse, débarqué à dix ans aux Etats-Unis, installé dans la région des Grands Lacs, il travaille sans relâche dans la ferme familiale, mais lève parfois la tête pour s'émerveiller de la nature environnante. Le soir, il invente des machines qu'il présente en ville, dont ce réveil qui le sort automatiquement du lit à l'heure du lever. Très vite, John Muir rejette cette existence de forçat et décide de vivre en autonomie dans la nature. Il quitte le Wisconsin et sillonne le pays à pied jusqu'en Floride, puis rejoint la Californie. Dès lors, il ne cessera de parcourir le monde. Figure mythique aux Etats-Unis, créateur du parc national de Yosemite, John Muir s'interrogea sur le sens de la vie dans la nouvelle société industrielle et industrieuse et y répondit tout simplement par son mode de vie
Alexis Jenni est né en 1963 à Lyon, où il a enseigné les sciences de la vie et de la terre. Son premier roman, L’Art français de la guerre (Gallimard), a été couronné par le prix Goncourt en 2011. Romancier et essayiste, il poursuit une œuvre dans laquelle imaginaire et pensée se nourrissent l’un de l’autre.
L'enfance de John Muir fut rude, à l'image de l'austérité écossaise dont son père faisait preuve, tout en menant sa ferme d'une main de fer. La journée type de John était la suivante : travail à la ferme dès 11 ans avec ses frères et sœurs, lever 6h et coucher 20h juste après le repas du soir et entre, des corvées interminables, harassantes et répétitives. Le célèbre voyageur en resta marqué à vie mais sut, grâce à cette éducation dure et rustique, affirmer son indépendance et subsister dans des contrées hostiles. Après avoir exercé son intelligence à créer des machines tout en bois dont certaines sont encore exposées dans l'université du Wisconsin, il se tourna vers la nature et ne la quitta plus. Il fut son plus grand protecteur jusqu'à la fin de sa vie.
Sa vie d'inventeur et d'ingénieur à l'usine ne lui correspondant plus, du jour au lendemain, il quitta le Wisconsin, et commença à sillonner le pays à pied. Il participa aux transhumances de bergers isolés, vécut en ermite dans les bois, fasciné et nourri par la vie qui l’entoure. Il devint poète et botaniste. Très vite, il prit conscience que le développement de la Californie – à cause de la ruée vers l’or – va creuser une dette écologique abyssale. Pionnier de l’écologie, il alla tout mettre en œuvre pour sauver la nature. Il fut à l’origine de la création du parc national du Yosemite. Il fonda aussi le Sierra Club en 1892, une organisation pour protéger les arbres de la Sierra Nevada. Cette organisation existe encore de nos jours et reste très active en matière de protection de l'environnement. Il persuada même le président Théodore Roosevelt à réserver de larges espaces protégés dans l'Amérique qui devenait de moins en moins sauvage.
Citation de John Muir, qui résume bien sa pensée sur le vivant et la rapacité humaine :
"N'importe quel imbécile peut détruire un arbre, il ne peut pas fuir. Même s'il le pouvait, il serait traqué tant qu'il y aura un dollar à en tirer. Replanter ne sert à rien pour reconstituer les forêts primitives, car pendant une vie d'homme on ne peut cultiver que des gaules, à la place des vieux arbres qui ont mis plusieurs siècles à grandir, et qui ont été détruits en quelques heures."