Longtemps condamné à la benne ou revendu aux ferrailleurs, le mobilier dit "industriel" envahit depuis quelques années les intérieurs. Lampes articulées, casiers à clapets, vestiaires, bureaux ou chaises issus d'usines, d'ateliers ou d'équipements collectifs sont aujourd'hui très recherchés. Pour leur robustesse bien sûr, mais pas seulement.
Apparu dans la deuxième moitié du 19ème siècle pour répondre aux nouveaux besoins des usines et des administrations en mobilier fonctionnel et productible en grande quantité, le mobilier industriel fait la part belle au métal qui garantit solidité dans les ateliers ou équipements collectifs et correspond aux normes d’hygiène exigées dans les hôpitaux.
Robustesse, modularité, utilitarité, incombustibilité et production en masse seront les caractéristiques fondamentales que l'on demandera aux designers chargés de développer ces équipements de l'Age d'Acier.
Des concours sont ainsi organisés sous l'égide de l'Office technique pour l'utilisation de l'acier (OTUA) et de l'Union des artistes modernes (l'UAM qui compte parmi ses membres fondateurs Eileen Gray et Robert Mallet-Stevens) ; dès lors l'esthétique industrielle devient une forme d'avant-garde plébiscitée aussi bien par Le Corbusier que les Noailles. Ces derniers confient d'ailleurs à Mallet-Stevens la réalisation et l'aménagement d'une villa moderne à Hyères, villa dont le "salon rose" rassemble du mobilier métallique des marques phares de l'époque : Ronéo, Gras ou Smith.
Au début des années 60, les progrès de la pétrochimie et une nouvelle conception esthétique privilégiant le paraître au fonctionnel entraîne un abandon rapide de l'utilisation de l'acier - cher à produire - au profit des matériaux polymères. L'utopie du tout plastique - moins fonctionnel mais plus coloré, plus optimiste - condamne donc le mobilier industriel métallique à l'abandon et à la rouille. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 vont sonner le glas de l'utilisation effrénée du polyuréthane et entraîner un regain d'intérêt pour le mobilier industriel des décennies précédentes. On redécouvre bien évidemment sa solidité, sa sobriété, sa modularité mais surtout ses lignes, imaginées par quelques uns des plus grands designers : Perriand, Prouvé, Gray, Eames... Parfois détourné de sa fonction initiale, le mobilier industriel et assimilé quitte sa sphère d'origine purement utilitaire et devient design, l'utile devient style.
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La nostalgie d'un passé industriel en perte de vitesse n'est sûrement pas étrangère à cet engouement. En effet, posséder un tel objet chez soi, c'est aussi sauvegarder un peu de patrimoine. Il y a une histoire derrière chaque meuble, lampe ou objet. Frédérik Plun |
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