Auteur célèbre, Maurice Druon est surtout connu pour sa saga Les rois maudits. Dans Les Mémoires de Zeus, publié en 1963, l'académicien prend pour personnage principal le fameux dieu grec Zeus et le fait parler à la première personne pour raconter son histoire, procédé audacieux pour nous narrer la mythologie grecque.
A ceux qui pensent que vivre pour un dieu est aisé, je dis : "Détrompez-vous." Aux mortels qui croient que notre vie n'est que volupté et délices, je dis : "Apprenez de votre erreur." Ayant échappé à l'infanticide, j'ai grandi seul, caché sur une île. Je suis devenu homme, et, guidé par ma grand-mère Gaia, j'ai concocté un plan afin de renverser mon père, Cronos, maître de l'Olympe. Seul, j'ai appris la vie, l'amour, la mort et la colère. J'ai levé une armée, j'ai réveillé les géants, j'ai libéré mes frères et mes soeurs. J'ai accompli mon destin ! Moi, Zeus, roi des dieux, dieu des rois, je vais vous conter mon histoire...
Maurice Druon est un écrivain et homme politique français, né en 1918. C'est l'arrière-neveu du poète Charles Cros et le neveu de Joseph Kessel.
Il commence à publier, à l’âge de dix-huit ans, dans les revues et journaux littéraires. En 1937, il rentre à Sciences-Po. Il rentre à l'école de Saumur en 1940 et devient officier de cavalerie. Il participe alors à la Campagne de France. Démobilisé, il demeure en zone libre et entre dans la résistance en 1942. Il compose, avec son oncle, Joseph Kessel, les paroles du Chant des Partisans (1943). Il est ensuite chargé de mission pour le commissariat à l’Intérieur et à l’Information et correspondant de guerre auprès des armées françaises et alliées jusqu’à la fin de la guerre.
À partir de 1946, il se consacre à sa carrière littéraire. Il reçoit le prix Goncourt (1948), le prix Prince Pierre de Monaco (1966) pour l’ensemble de son œuvre.
Il devient Ministre des Affaires culturelles (de 1973 à 1974). Non reconduit en 1974, il est élu député de Paris de 1978 à 1981. Il occupe divers postes diplomatiques ou politiques et est nommé secrétaire perpétuel de l'Académie française en 1985 (il renonce à ce poste et devient secrétaire honoraire). Membre de plusieurs académies, comme celles de Bordeaux, d'Athènes, du royaume du Maroc et l'Académie roumaine, il collabore également comme chroniqueur irrégulier au Figaro.
Pour se détendre au milieu de l'écriture de la série de romans Les Rois Maudits, il écrit un conte pour enfant, Tistou les pouces verts, publié en 1957. Maurice Druon a été élu le 8 décembre 1966, en remplacement de Georges Duhamel, au 30e fauteuil de l’Académie française. Il est élu secrétaire perpétuel le 7 novembre 1985. Mais démissionne de cette fonction en octobre 1999. Secrétaire perpétuel honoraire à partir du 1er janvier 2000.
Il s'éteint le 14 avril 2009 à l'âge de 90 ans, à Paris, après une vie littéraire, culturelle et politique bien remplie.
Toute l’originalité des Mémoires de Zeus de Maurice Druon réside justement dans le fait d’en avoir fait des mémoires. On se retrouve donc avec un récit à la première personne du singulier puisque c’est Zeus qui raconte l’histoire de la mythologie grecque, son histoire.
Ce récit est une véritable fresque chronologique sur d'anciennes divinités grecques. En effet, il y a tout le long du roman des déesses et dieux en pagaille, ce qui ravira les connaisseurs tellement on brasse de légendes à foison. Ainsi, Apollon aura sa longue séquence de mise en avant. Aphrodite sera évidemment très importante. Et c’est vraiment le principal atout de ce récit qui permet de remettre un peu d’ordre dans un univers extrêmement riche mais dont il est parfois difficile de rassembler les morceaux.
Ainsi, Zeus qui a eu la chance de ne pas subir le même destin que sa fratrie juste après la naissance : les autres ayant été avalés par leur père Cronos, se retrouve exilé. Mais soutenu par sa grand-mère Gaïa, il s'enfuit et poursuit son évolution et sa jeunesse. Grandissant au fil du temps, devenant adolescent, puis adulte évidemment. Au cours de son périple, Zeus n'a qu'un seul but en tête : renverser son père et lui faire recracher ses sœurs et ses frères. Cependant, Les Mémoires de Zeus nous démontrent que ce dernier a encore plus de problèmes avec les femmes, qu’avec son père. Complexe d’œdipe ? On le suivra ainsi au gré du vent et des conquêtes. Avec lesquelles il conçut une myriade d'enfants devenus des dieux ou des demi-dieux plus ou moins connus mythologiquement parlant.
Point de fantaisie ni de dispersion dans la trame narrative, l'auteur Maurice Druon suit la chronologie des évènements en commençant par les grands-parents de Zeus, Ouranos et Gaïa. A l’instar de la Genèse, cette autobiographie donne des clés d’explication quant à la création du monde, car pour les femmes et hommes de l’Antiquité, les dieux étaient à l’origine des phénomènes naturels : les mers, les montagnes, les vents… Et les dieux personnifiaient des caractéristiques humaines : la beauté, la jalousie, l’amour, l’esprit guerrier… Cependant, petit bémol et différence d’époque oblige, on remarquera sa vision vieux-jeu des femmes, dont les courbes sont largement décrites. La mythologie grecque de Maurice Druon égratigne la gente féminine, qui apparait au mieux comme le sexe faible, au pire comme sournoise.