L’Iran est un concentré de contradictions. Théocratie aux mains des Guides de la révolution islamique, vivement hostiles à Israël et à ses alliés – et à l’Occident en général –, l’Etat iranien mène une politique que beaucoup considèrent comme une dictature totalitaire.
Les droits des hommes et des femmes – surtout des femmes – sont assujettis à de plus que restrictives lois religieuses à travers une application particulière de la Charia. Le pays semble renfermé sur lui-même, entravé par une vision archaïque du monde. Et pourtant... Pourtant, historiquement, l’Iran possède une richesse culturelle impressionnante et sa jeune population (majoritairement opposée au régime) fait preuve d’une énergie incontestable. Malgré la censure, la créativité de ses artistes, notamment de ses cinéastes – on citera Jafar Panahi ou encore Asghar Farhadi, réalisateur du magnifique Une séparation – est mondialement reconnue. Tant et si bien qu’apparaît, à travers ce masque de Janus, au-delà des préjugés en partie avérés, une société partageant un grand nombre de similitudes avec la nôtre, des similitudes imposant ce constat : la méconnaissance est ce qu’identifie le rapport que nous entretenons avec l’Iran. Afin d’essayer d’y voir un peu plus clair, la médiathèque vous propose une sélection de quelques titres (romans, essais, films documentaires) pour tenter de mieux comprendre ce paradoxe iranien.
Romans
Les mystères de mon pays : 01 de Reza Barahéni / traduit du persan par Clement Marzieh. Fayard, 2009.- 559 p.
Roman de la révolution islamique iranienne de 1979.
En censurant un roman d'amour iranien de Shahriar Mandanipour / traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte ; d'après la traduction anglaise du farsi par Sara Khalili. Seuil, 2011.- 403 p.
En Iran, Sara et Dara s'aiment malgré la séparation des sexes instaurée aussi bien dans la rue que dans les jardin publics ou les bibliothèques. Les messages codés inscrits dans les livres de la bibliothèque alternent avec des promenades se transformant en parties de cache-cache avec les miliciens.
Le trèfle bleu de Firouz Nadji-Ghazvini / ; traduit du persan par Vincent Despagnet. Denoël, 2009.- 152 p.
Iran 2004. Atefeh, une jeune adolescente, vit seule avec son grand-père très âgé. Le trèfle bleu est une goutte d'encre qu'elle a sur le dos. Son grand-père la lui a faite pour la distinguer de l'autre bébé qu'il gardait autrefois. La jeune fille entrant peu à peu dans la puberté, ses deux voisines décident de lui bander les seins et lui raser la tête pour la protéger du regard des hommes.
Livres divers
Persepolis de Marjane Satrapi. L'Association, 2000.- 76 p.
Marjane Satrapi est née en 1969 à Rasht, dans la région de Guilan, sur les bords de la mer caspienne. Iranienne, elle grandit à Téhéran où elle étudie au lycée français et aux Beaux-Arts, avant de partir à Strasbourg poursuive les Arts Déco. Dans ce premier épisode, elle retrace une partie de l'histoire de sa famille ainsi que ses dix premières années, jusqu'à la chute du régime du shah.
Histoire de l'Iran contemporain de Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner. La Découverte, 2010.- 128 p.
Document exposant la situation de l'unique Etat chiite du monde musulman. Les auteurs décrivent un pays fidèle à son passé préislamique. Ils montrent un vieil empire,objet pendant tout le XIXe et le début du XXe siècle de rivalités entre puissances russes et britanniques. Les grands bouleversements de la région depuis 1796.
Mémoires captives d’Azar Nafisi / traduit de l'anglais par Marie-Hélène Dumas ; préface Jean-Claude Carrière. Plon, 2009.- 377 p.
Le témoignage marquant d'une femme iranienne au coeur des paradoxes de son pays, à l'image de Marjane Satrapi, Azar Nafisi s'est bâti un destin de femme engagée politiquement, socialement, et philosophiquement en combattant la dictature par l'éducation et l'expression.
DVD
Fragments d’une révolution (anonyme) / Mille et une films, 2011. Bibliothèque publique d'information, 2011.- 1 DVD (55 min), Couleur.
« Fragments d’une révolution » témoigne des nombreuses manifestations qui se sont déroulées en Iran dès juin 2009 au moment des élections présidentielles. La répression est sévère : journalistes étrangers écartés, nombreuses arrestations d’opposants réformateurs, des étudiants tués par les miliciens Bassidji. L’Iran est coupé du monde pendant plusieurs jours. Pour contrecarrer l’information officielle, les contestataires utilisent leurs téléphones portables pour filmer les répressions violentes dans les manifestations. Les vidéos sont ensuite envoyées sur Internet. A cette période, la réalisatrice se trouve à Paris. Elle vit les événements à travers les vidéos amateurs qu’elle collecte et archive. A aucun moment on ne verra son visage. Seuls sont visibles les écrans successifs des sites de vidéos, les courriers électroniques qu’elle envoie, ses mains qui parcourent le clavier. Le film est anonyme.
Safar de Talheh Daryanavard. Docnet films, 2010.- 1 DVD (55 min), Couleur.
Amina, Fatoma et Asma sont trois amies originaires de petites îles lointaines du Golfe persique situées au sud de l'Iran. Elles sont parvenues à faire des études universitaires à Téhéran d'où elles prennent un train qui va les ramener vers leur village natal. Le film Safar les accompagne tout au long de ce trajet dans l'espace intime d'un compartiment. Ce voyage ordinaire, sans repères géographiques particuliers, se transforme au fil des heures en un retour sur soi où chacune évoque son parcours et en fait le bilan avec une lucidité déconcertante. Tandis que défilent les paysages par la fenêtre, se dévoilent trois trajectoires de vie faites tant de rêves et de désirs que d'hésitation et d'incertitudes.
Zinat, une journée particulière d'Ebrahim Mokhtari. Docnet films, 2000.- 1 DVD (54 mn,) Couleur.
Dans son village de l'île iranienne de Qeshm, Zinat est la première femme à retirer le voile traditionnel pour exercer sa profession d'infirmière... Elle s'implique dans la vie locale et arrive en tête aux premières élections...
Crédit photographique : Electre, Docnet, Mille et une films