Le tissu du vivant dont nous sommes des fils se déchire tout autour de nous, fragilisant nos futurs possibles. Nous le savons, et pourtant le sentiment d’impuissance domine. Pourquoi ? C’est qu’on défend mal ce qu'on comprend mal. Ce nouvel ouvrage de Baptiste Morizot nous aide à mieux comprendre.
À partir d’une enquête de terrain sur des initiatives de défense de forêts et des pratiques d’agroécologie, Raviver les braises du vivant (2020), dont il est possible de lire un extrait ici, propose une nouvelle cartographie des alliances entre les usages de la terre qui sont des gardiens du feu. Il donne des outils critiques pour révéler au grand jour le rapport au vivant partagé par ceux qui le détruisent. Et offre un guide de négociation pour sortir des oppositions stériles entre producteurs et protecteurs. C’est un appel à faire front commun contre les vrais ennemis du vivant : toutes les forces de l’exploitation extractiviste.
Baptiste Morizot est écrivain et maître de conférence en philosophie à l'université d'Aix-Marseille. Ses travaux, consacrés aux relations entre l'humain et le vivant s'appuient sur des pratique de terrain, notamment de pistage de la faune sauvage. Sur ce sujet, il a écrit Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (2016) et, chez Actes Sud dans la collection "Mondes sauvages", Sur la piste animale (2018) et Manières d'être vivant (2020).
Ne se contentant pas de proposer des "leviers" permettant d'entretenir avec le vivant un rapport positif, et ce, en veillant à n’instiller aucune culpabilité, à ne jamais opposer les individus qui sont tous confrontés à de réelles complexités, Baptiste Morizot suggère, à travers ce livre fondamental, une nouvelle façon - ou, pour être plus précis, corrige la malfaçon majoritaire - de penser notre place et notre rôle au sein du vivant. Il offre ainsi, en "redéfinissant" notamment les notions de nature et de production, des outils rendant possible une nouvelle façon d'être au monde, ce qui, chose inédite, semble accessible à tous.