Trois jours chez ma tante, c’est à un jeu de dupes entre une vieille dame solitaire, richissime et acariâtre et son neveu exilé en Afrique depuis 20 ans dans des conditions particulièrement troubles. Qui de l’argent ou des sentiments l’emportera ?

Après vingt ans d'absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vielle dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête. Elle lui fait savoir qu'elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter. Une discussion s'engage entre eux et ça démarre très fort.  

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Yves Ravey est un romancier et dramaturge français, lauréat du prix Marcel-Aymé en 2004 pour Le Drap. Il vit à Besançon, où il enseigne les lettres et les arts plastiques au collège Stendhal.

Ses livres sont brefs et laconiques : jamais un mot recherché, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais une formulation alambiquée. Un style simple et incisif qui conduit à des textes courts où l'atmosphère est pesante et l'angoisse, diffuse. Les intrigues se déroulent sous un ciel toujours gris et bas de plafond. Un ambiance lourde et triste à la fois. En revanche, il y a peu de violence apparente, très peu de sang et une psychologie limitée à l'extrême. Il y a du roman noir proche de Simenon dans les textes d'Yves Ravey.

L'auteur crée dans ses romans une anxiété et une angoisse diffuses dès leur première page. Il truffe son histoire de fausses pistes. En bon maître de l'illusion, le romancier bisontin mine ses histoires de dangereuses illusions : le frère naïf se révèle manipulateur et cynique, le voyeur n'est pas un personnage glauque et inquiétant, le repris de justice sorti de prison suscitait pourtant une méfiance légitime mais ce n'est pas lui le coupable ... Ne vous y fiez pas, son univers n'est pas si rassurant (et c'est ce qui fait tout son charme, d'ailleurs)

8veS

La marque Yves Ravey est bien là : c’est la sécheresse de l’intrigue, l’économie de la langue, l’absence d’adjectifs et donc de sentiments « lisibles ». Ce roman ne déroge pas à ces quelques règles. Ajoutons un étonnant usage du discours direct et de l’interrogation indirecte pour laquelle, de façon systématique, Ravey brise les constructions classiques du roman.

Cet ouvrage décrit un engrenage dont tous les rouages sont conçus pour broyer. Marcello, le narrateur, est prisonnier de son passé, il est pris au piège à Lyon, entouré de femmes qui le tiennent comme on serre une proie, et son retour à Monrovia (la capitale du Libéria) où il travaille pour le HCR (Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés), s’il a lieu, ne promet rien de bon. Comme souvent dans les romans de l'auteur, l’argent qui sépare en classes, qui manque parfois et qu’on essaie par tous les moyens de récupérer est le ressort, la cause de toute cette histoire. Et puis vient la culpabilité, la mauvaise conscience, le désarroi. Yves Ravey nous entraîne dans un drame familial drôle parfois mais surtout acide. Il nous dévoile peu à peu la personnalité de Marcello et de sa tante Vicky. Un excellent roman sur le pouvoir de l’argent et les drames familiaux qui en découlent ...

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