Avec Hugo, son troisième album, Loyle Carner poursuit son brillant parcours et s’installe au sommet du rap Outre-Manche.
Découvert en France – et à Hyères ! – grâce à un mémorable concert lors de l’édition 2015 du MIDI Festival à la Villa Noailles, le britannique a connu le succès critique dès la parution de son premier opus, Yesterday’s Gone, en 2017, alors qu’il avait seulement 22 ans. Son deuxième album, Not Waving, But Drowning, sorti en 2019, confirma tout le bien que l’on pensait de lui. Consacré et attendu, le rapper de South London ne s’est pas reposé sur ses lauriers et livre avec Hugo un disque ambitieux en rupture avec ses précédentes productions.
En effet, en s’attachant les services du célèbre producteur Kwes et en favorisant l’utilisation d’instruments live, Loyle Carner change de braquet et se tourne vers des compositions plus amples, plus orchestrées – notamment l’introduction « cinématographique » de l’album –, mais choisit également un son plus lourd afin de correspondre au ton de l’album, radicalement plus sombre que ses prédécesseurs.
Avec Hugo, Loyle Carner délaisse l’hédonisme et la « coolitude » pour offrir des textes assez noirs ou, du moins, profonds qui reflètent les rancœurs du rapper et ses interrogations, que ce soit l’évocation de la relation conflictuelle qu’il a connu avec un père mort prématurément ou les questions d’identité que posent son métissage dans un monde toujours marqué par les injustices raciales.
Mais loin de peser sur le disque, ce virage accroît au contraire sa qualité artistique et souligne le talent de Loyle Carner, incontestable figure majeure du rap.