Pour faire écho à l’exposition présentée à la médiathèque, à partir du 3 mai 2025, intitulée Culottées mettant à l’honneur les planches de Pénélope BAGIEU dessinatrice talentueuse et engagée. Il semblait judicieux de vous présenter quelques héroïnes emblématiques de la bande dessinée Jeunesse.


Héroïnes courageuses BD Jeunesse

Le 9e art se féminise. Depuis longtemps destinée à un public plutôt masculin, la bande dessinée évolue.

D’abord fait par des hommes, de plus en plus d’illustratrices publient leur travail, remportent un franc succès auprès du public et font évoluer les lignes éditoriales. De nouvelles collections apparaissent s’adressant à un public plus large ou oublié, par le passé.

Les héroïnes occupent la première place et les archétypes féminins, autrefois cantonnés à peu de choses, disparaissent. De la même façon, la bande dessinée jeunesse qui s’adressait, d’abord, aux plus petits, inclus désormais les adolescentes et jeunes adultes.

Il serait difficile de faire une liste exhaustive (car, en constante évolution et trop longue)

Voici, donc, une présentation chronologique de quelques héroïnes valeureuses et inspirantes qui ont marqué ou marqueront la bande dessinée Jeunesse.

 

En premier lieu, il faut penser aux «pionnières» ou héroïnes des débuts comme Mafalda.

Mafalda

1964, première apparition des dessins de Quino décrivant le quotidien d’une petite fille rebelle Mafalda. Depuis soixante ans, elle décrypte le monde avec ses yeux d'enfant et souligne les paradoxes et injustices de nos sociétés. Rebelle, candide, fine observatrice et un brin idéaliste, cette figure contestataire et féministe a marqué des générations de lecteurs et continue d’être une source d’inspiration. Pour célébrer son anniversaire en 2024, une dizaine d'autrices lui rendent hommage à travers un album inédit. Et, si Mafalda vivait à notre époque, que penserait-elle de l'égalité hommes-femmes, de la pauvreté, de la condition animale, de l'état de la planète ?

 

En 1970, l’auteur belge Roger Leloup créé Yoko Tsuno (d’abord prévue pour être un personnage secondaire) qui s’illustre par son courage et occupe un rôle centrale habituellement confié à des personnages masculins. A la fin des années soixante, on imaginait pas qu’une femme puisse devenir une héroïne de bandes dessinées, encore moins dans un univers futuriste et technologique. Cette dernière, en plus d’être ceinture noire d’aïkido, est ingénieure en électronique. Elle pilote des planeurs et des hélicoptères. Du haut de ses 20 ans, Yoko enchaîne les missions sur terre et dans l’espace. elle est belle, intelligente, sportive et représente véritablement l’aventurière par excellence.

Yoko Tsuno

 

Dans un autre style, Yvan Pommaux propose en 1983, un scénario qui met en scène une héroïne de 9 ans Marion Duval. L’auteur s’est, d’ailleurs, inspiré de ses filles pour créer ce personnage. Enquêtrice chevronnée, intrépide et sentimentale, la jeune fille va mener tambour battant de nombreuses aventures policières. Une des plus longues séries qui compte 29 tomes. Le dernier tome La couleur des secrets est paru en 2022.

Marion Duval

 

Téméraire, Nathalie, l’héroïne imaginée par Serge Salma en 1992, l’est aussi, à sa manière. Elle dira « Pour qui ils s'prennent les garçons? Moi aussi, j'veux être aventurier ... euh aventurière! Et de montrer de quoi les filles sont capables ».

La fillette n'a pas froid aux yeux et n'a qu'une idée en tête : faire le tour du monde et voyager loin de ses parents sans imagination. A défaut de la vivre, son aventure, elle l’imagine avec son petit frère comme souffre-douleur (volontairement ou involontairement). Nathalie s’interroge aussi sur le racisme, la pauvreté, les différences culturelles et l’environnement.

Nathalie

 

En 1995, Clarke et Gilson imaginent, dans un univers d’épouvante parodique, les aventures de Mélusine, jeune sorcière de 119 ans qui vit au pair dans un château en Transylvanie chez ses hôtes, une fantôme acariâtre et son mari vampire. Douée en magie et audacieuse, elle teste toutes sortes de formules (parfois à ses dépends). Sujette aux changements d’humeur, elle peut se montrer cruelle même si elle est altruiste et généreuse.

Mélusine

 

Téhem raconte, en 1998, le quotidien d’un trio de copains confronté au racisme. Malika Secouss vit dans la cité des Pâquerettes avec Jeff et Dooley. Jeune française d'origine maghrébine au caractère bien trempé, elle ne supporte pas le sexisme et l’intolérance. La jeune fille ne se laisse pas faire et n’a peur de personne.
Malika Secouss

 

Tamara, elle aussi, est courageuse. Malgré sa timidité et ses complexes, cette dernière assume ses kilos en trop et supporte les réflexions de ses camarades de classe. Zidrou raconte ses mésaventures, dès 2003. Bonne copine qui n’a pas sa langue dans sa poche, l’adolescente ne manque pas d’humour. Et même si elle a 20 ou 30 kilos en trop (selon les dires de certains) elle va réaliser son rêve et trouver l’amour. 

Deux adaptations cinématographiques de la série ont, d’ailleurs, été réalisées en 2016 et 2017.
Tamara

 

 

L’apparition en 2006 de la Rose écarlate (plus d’un million d’exemplaires vendus) marque un tournant dans l’histoire de la bande dessinée. Cette série est imaginée et dessinée par Patricia Lyfoung, une femme. [Les héroïnes présentées précédemment ont toutes été dessinées et/ou imaginées par des hommes]

En plus d’être une dessinatrice d’exception, l’autrice fait évoluer les codes en mélangeant les genres et les influences mangas et franco-belges. Novatrice et inspirante, elle ouvre la voie pour toute une nouvelle génération d’artistes.
La Rose écarlate

Maud vit en France au XVIIIe siècle. Elle a un objectif : retrouver l’assassin de son père.  Épéiste émérite, la jeune fille se distingue par son courage.Elle devient, alors, la Rose écarlate pour rétablir la justice et mener à bien sa mission.

 

Quelques années après, en 2008, une «team» 100% féminine crée Princesse Sara. L’adaptation du roman La petite princesse créé en 1905 par F. Hogsdon Burnett a été scénarisée par Audrey Alwett, dessinée par Nora Moretti et colorisée par Claudia Boccato. Elles insufflent à cette héroïne, déjà bien connue du grand public par son adaptation en dessin animé, une nouvelle énergie.

Attachante et ingénieuse, Sara qui a toujours vécu en Inde, se trouve à Londres pour parfaire son éducation et apprend une fois au pensionnat que son père est décédé. Attachante et ingénieuse, l’orpheline, sans un sou, va devoir se débrouiller seule et faire preuve de courage.

Princesse Sara

Au fil de la série, la petite princesse s’émancipe et devient une adulte accomplie, aux multiples ressources. La scénariste a voulu, en décalant l’univers initial, aborder des problématiques sociétales plus contemporaines.

Audrey Alwett précise d’ailleurs qu’un tel projet mené par trois femmes s’éloignant de la ligne éditoriale classique n’a pas suscité un grand enthousiasme de la part des professionnels de l’époque : « Un journaliste web qui se moquait du livre, nécessairement mauvais puisqu'à destination d'un public féminin (la misogynie de la critique BD en 2008 était assez décomplexée). En d'autres mots, tout le monde s'attendait à ce que notre premier tome fasse un flop retentissant. Et nous avons tous été surpris quand il a fallu le réimprimer au bout de trois semaines. En fait, nous l'avons découvert plus tard, notre série a été sauvée par les bibliothécaires qui l'ont achetée en masse et fait découvrir à un public que nous avons bientôt vu arriver en dédicace. »

 

En 2012, L’illustratrice Aurélie Neyret, avec les Carnets de Cerise obtient la reconnaissance de ses pairs. Cette série scénarisée par Joris Chamblain raconte les aventures d’une petite fille de 11 ans qui rêve d’être romancière. Pour cela, elle mène ses petites enquêtes, part à l’aventure avec ses amis, se questionne et observe « les gens », son principal sujet de prédilection.

Les carnets de Cerise

La série sélectionnée en 2013, remporte Prix Livrentête et le Fauve d’Angoulême, Prix Jeunesse en 2014. En 2015, c’est la Belgique qui la récompense avec le Prix Saint-Michel, catégorie Humour/Jeunesse. En 2016, Le salon du Livre jeunesse de l'océan Indien lui attribue le Prix Paille en Queue, pour le tome 4. En 2019, L'édition brésilienne du premier volume gagne le Troféu HQ Mix.

 

 

En 2015, les romans de Nancy Springer sont adaptés par la dessinatrice Serena Blasco et racontent les Enquêtes d’Enola Holmes, sœur cadette du célèbre détective Sherlock Holmes. Indépendante et non conventionnelle, la jeune fille de 14 ans illustre à sa manière et sous l’ère victorienne, la notion de « girl power ». Personnage séduisant, Netflix adapte en 2020 et 2022, les aventures d’Enola incarnée par Millie Bobby Brown et prévoit un 3e film pour 2026 ou 2027.

Enola Holmes

 

 

En 2017, la série les Bergères Guerrières de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais présente un corps d’élite de femmes capables de manier l’arc et la lame. Depuis dix ans, les hommes sont partis faire la guerre et ont laissé le village. A dos de boucs, ces femmes courageuses défendent leur peuple et assurent la survie des troupeaux. 

Au début de l’histoire, Molly 10 ans va pouvoir commencer sa formation à l'académie et vivre des aventures tumultueuses avec trois amies et un petit garçon Liam qui rêve de devenir bergère guerrière.
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De l’humour, un univers médiéval-fantastique et plusieurs thèmes importants comme le rôle des femmes en temps de guerre, la solidarité, la transmission vont composés cette série, lauréate du Fauve d’Angoulême 2022. Les Bergères Guerrières ont d’ailleurs été fièrement exposées en 2024, dans le quartier jeunesse du 51e festival d'Angoulême.

 

Depuis 2023, « Petite dernière » Brume n’a pas fini de faire parler d’elle. Le scénariste Jérôme Pélissier et la dessinatrice Carine Hinder mettent en scène une jeune héroïne espiègle, drôle et arrogante qui est persuadée d’être une sorcière. Sa plus grande force : croire en soi et en son pouvoir !

brume

La série a remporté dernièrement de nombreux prix: Quai des Bulles - Prix Jeunesse de la ville de Saint-Malo 2023, Bulles de cristal 2024. Elle a été nommée au Prix BD Fnac France Inter 2023, au Prix Libr’à Nous et au Festival d’Angoulême en 2024.

 

Il semble ainsi évident que toutes les héroïnes quelles qu'elles soient, colorent et irradient le monde du 9e art.

Pétillantes, sans complexes ni langue de bois, elles séduisent tous sortes de lecteurs et de lectrices.

Cette richesse plurielle met à l’honneur la bande dessinée.

Héros, héroïnes ou pas ... En fonction de son âge, ses affinités ou de ses goûts, tout le monde peut désormais s’y retrouver.

 

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