William vit dans un monde où tout inspire tristesse et mélancolie, jusqu’au nom des rues.
Pourtant, un jour à son réveil, l’orphelin découvre une sculpture végétale en forme de hibou qu’il admire toute la journée. Les jours suivants, d’autres arbres se transforment en chat, lapin, perroquet, éléphant et même en dragon !
Ces œuvres émerveillent tant les habitants qu'ils se laissent gagner par la magie des couleurs. Ce prodige est l’œuvre d’un vieux monsieur qui, chaque nuit accomplit avec amour son métier de jardinier. William le surprend un soir en rentrant chez lui et le suit. Guidé par l’artiste, l’enfant apprend les gestes qui métamorphosent le paysage. Ils y travaillent toute la nuit. Au petit matin, un cadeau attend William à son réveil : l’outil de son maître.
William hérite ainsi d’un métier, et les habitants qui se laissent émouvoir par la beauté de ces œuvres découvrent la joie d’une vie en couleurs.
The Fan Brothers
Eric et Terry Fan sont des artistes canadiens formés à l’Université d’Art et Design d’Ontario. Eric a commencé dans la conception de T-shirts en participant à des sites comme Threadless DHP. Il utilise dans son travail aussi bien le crayon, l’encre, l’aquarelle que la peinture numérique. Il s’inspire de la culture Pop, du courant Vintage et du réalisme. Terry Fan s’est essayé sérieusement à de nombreuses formes d’art à l’Université, écriture, peinture, sculpture, photo, filmographie et illustration.
Malgré son talent dans d’autres domaines, ce sont surtout ses illustrations qui attireront le feu des projecteurs. Dessinées à la main puis retravaillées numériquement, ces images surréelles et souvent satiriques s’inspirent de l’univers des livres d’enfants.
Ils ont écrit et dessiné l’album intitulé Tombée du ciel, édité chez Little Urban en novembre 2021 et ont illustré bien d’autres livres d’enfants tel que Le fabuleux voyage du bateau-cerf écrit par Dasha Slater en 2018.
Avec cet album, on est littéralement plongé dans un monde poétique. Dès les premières pages, le sépia des crayonnés crée une atmosphère un peu désuète. La narration minimaliste, traduite par Véronique Mercier-Gallay, laisse une place importante aux illustrations en pleines pages finement hachurées, ce qui lui confère une vraie force immersive. On passe progressivement d’un univers monochrome aux tons gris et sépia à un monde plus animé, plus coloré par touches, jusqu’au tableau final...
S’il fallait choisir quelques mots pour caractériser cet album, je choisirais le mystère, la beauté, la poésie et la joie. Le mystère parce que personne ne sait qui est à l’origine de ces métamorphoses végétales. Le suspense est maintenu longtemps. La beauté des dessins, réalistes et oniriques à la fois. La beauté du message également car c’est l’irruption de l’art dans la vie de chacun qui l’embellit par sa poésie. Et on a tous besoin de poésie, quelle que soit son expression ! La joie qui en résulte, enfin, symbolisée par la réapparition des couleurs dans un monde sans âme.