Ève a grandi dans un orphelinat au Mali. Adoptée à l’âge de 6 ans, elle promet à la petite Hawa de devenir danseuse étoile une fois arrivée en France. Dans ce monde en rose et blanc, Ève réalise bien vite qu’il n’y a pas de danseuses étoiles noires … Si son rêve n’avait été qu’illusion ? La jeune fille réussira-t-elle à honorer le serment fait à son amie d’enfance ?

A l’orphelinat, Ève et Hawa sont isolées. Les nourrices et les autres enfants ne les approchent pas car leurs quatre parents sont tous morts du sida. Peu de distractions pour les deux petites filles. La télévision est allumée pendant la sieste pour les adultes. Ève ne dort jamais et rampe parfois discrètement entre les chaises des nounous endormies pour voir les films ou les reportages qui passent.

Et puis un jour, il y eut cette émission où des femmes blanches dansaient. Ève su que sa vie allait changer. Elle était faite pour danser. Les mouvements qu’elle avait vu, étaient comme imprimés dans sa mémoire. Elle tournait et s’entraînait pendant des heures sous les yeux de son amie admirative.

Une autre nouvelle allait chambouler sa vie : elle serait adoptée. Une vie meilleure l’attendait ailleurs mais elle ne verrait plus sa meilleure amie.

Aujourd’hui, cinq ans plus tard en France, avec sa famille d'adoption et sa jeune voisine Camille, Ève poursuit son objectif avec ferveur et passion. Sa professeure de danse Rachel a très vite repéré son potentiel et souhaite la préparer pour passer l'examen d’entrée à l’école de danse de l'Opéra de Paris.

Mais le doute s'insinue quand Ève entend de plus en plus souvent les moqueries à l’école, les réflexions de la remplaçante (Rachel est en congés maternité), les mots de certaines de ses camarades en raison de sa couleur de peau...

 

                                                                                                                         les pointes noires

 

Sophie Noël est née à Paris en 1961. Son premier roman jeunesse s’intitule Le Mystère de la Grotte au Diable en avril 2013. Ce premier tome de la série de Mahaut du Fargis sera suivi par deux autres tomes. Institutrice, écrivaine, conteuse, elle écrit des romans fantastiques mais aussi des histoires plus contemporaines comme L'enfant du séisme (2015) ou Ma petite sœur du séisme (2015). Elle est auteure d'une comédie romantique déjantée pour adultes Pulpeuse Fiction (2016). En 2017, son livre La saveur des bananes frites est sélectionné par le Prix des Incorruptibles et a reçu le Prix de la Saussaye et le Prix de Ravinala Madagascar.

Mère de deux filles adoptées en Haïti, c’est sa fille qui l’a inspirée en 2018: «Ma fille a la peau noire, et en regardant des ballets avec elle, je me suis fait la réflexion qu’il n’existait aucune danseuse étoile noire en France. J’ai approfondi mes recherches, lu les tentatives échouées de Benjamin Millepied de diversifier les origines des danseurs ; découvert les Américaines Misty Copeland et Michaela DePrince, seules danseuses étoiles noires au monde ; compris que la couleur des pointes de danse était rose en rapport avec la couleur de la chair (et quand notre chair est noire ? Pas de pointes adaptées !). Une terrible colère s’est emparée de moi: ma fille ne pourrait jamais être danseuse étoile, comme aucune des petites filles noires qui auraient la passion de la danse classique. Ce rêve leur est interdit. Ma colère est devenue l’histoire des Pointes noires

 

                                                                                                                                 Sophie Noel

 

Un roman simple et fort qui se lit d’une traite. Le style est fluide, efficace, léger alors que les sujets abordés ne le sont pas forcément.

Le thème de l’adoption est très bien évoqué dans la première partie du récit. Entre la vie à l’orphelinat, les rencontres progressives avec les nouveaux parents, les sentiments contradictoires et l’extrême tristesse au moment de quitter Hawa, sa meilleure amie, sa sœur de cœur. Notre héroïne reste, malgré les circonstances toujours forte, courageuse et persévérante.

Dans la deuxième partie, elle raconte son quotidien. Confrontée au racisme ordinaire comme dit sa mère, Ève fait face comme elle peut, ignore les critiques, en veut toujours plus, s’isole socialement. Seul objectif : atteindre la perfection quitte à tyranniser et malmener son corps.

Sa rencontre avec Madeleine, ancienne danseuse étoile meurtrie sera déterminante pour assumer et valoriser sa différence dans un monde qui prône l'uniformisation des élèves artistes. Toujours guidée par la même volonté, Ève, avec les bonnes armes, se battra à coups de pointes, en souriant avec grâce et élégance.

 

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