Parmi les piliers historiques de la ville, les salins des Pesquiers fêtaient en 1948 leur centenaire. Un événement dont fait état un précieux fascicule conservé depuis dans le Fonds Provence de la médiathèque.
En 1847, Émile Gérard, commerçant toulonnais, achète aux enchères pour 250 000 francs le « Domaine des pêcheries d’Hyères ayant boudigues, étang, terres, bâtiments, marécages, pacages, pins, jardins ». Puis, avec Chapon, un autre commerçant toulonnais, il fonde l'année suivante, soit le 8 mars 1848, la Société des salins et pêcheries d'Hyères afin de construire le salin des Pesquiers.
À l'origine simple étang de pêche – le salin des Pesquiers tire son nom de son activité halieutique originelle – qui produisit la première année seulement 545 tonnes de sel, l'exploitation, devenue Société des salins et pêcheries d'Hyères Gérard & Cie, s'est rapidement développée.
La simplicité de son réseau hydraulique, l’ingéniosité de sa conception et son rendement d’environ 30 000 T/an en font un modèle du genre. Son fonctionnement optimal atteint, l’entreprise construisit des maisons ouvrières et édifia une chapelle, mais dut bientôt faire face à la concurrence des Vieux salins, rachetés et modernisés en 1856 par la Compagnie des Salins du Midi – une concurrence amicale permettant notamment le prêt de matériels et de main-d’œuvre.
Outre la célébration du centenaire de la Société et des Pesquiers, le fascicule contient également en creux l'histoire d'une famille, les Gérard, qui, malgré les différents statuts juridiques que connut la Société, en garda le contrôle jusqu'à sa revente en 1967 à la Compagnie des Salins du Midi qui possédait alors déjà les Vieux Salins.
La gestion de la famille Gérard permit à la Société d'acquérir un patrimoine immobilier important que le fascicule présente également (l'île et le salin des Embiers, le domaine de Saint-Hilaire, etc.).
Malgré quelques revers et intempéries, notamment durant l’hiver 1853 où la mer envahit les salins et fit fondre la majeure partie des stocks de sel, l’activité salinière perdurera encore près de cinquante ans, jusqu’en 1995. Afin d’empêcher tout projet immobilier et dans un souci de conservation, le Conservatoire du littoral devint propriétaire des Pesquiers en 2001.