Au 18e siècle, l'aristocratie anglaise, oisive, découvre certaines régions de l’Europe comme les Alpes ou les côtes de la Méditerranée. Dans ce contexte, la ville d’Hyères devient une station d’hiver connue internationalement.
Hyères : une station d’hiver aristocratique
De la fin du 18e siècle aux années 1930, le tourisme hivernal de luxe est à l’origine de la prospérité et de la renommée de la cité. Les touristes s’y installent entre les mois d’octobre et d’avril. Ils appartiennent aux classes les plus élevées de la société : familles royales, aristocratie, haute bourgeoisie. On note la présence régulière de nombreuses personnalités marquantes des milieux politiques, littéraires, artistiques, scientifiques…
L’installation d’importantes « colonies » d’hivernants français et étrangers (anglais, allemands, polonais, russes…) est à l’origine d’une transformation complète du paysage local. La ville stagnait depuis plusieurs siècles et demeurait enfermée à l’intérieur de ses remparts médiévaux. Pour accueillir ces touristes fortunés, de nouveaux quartiers sont construits devant la cité traditionnelle. C’est le début de l’urbanisation de la plaine d’Hyères.
Guide pratique de l'étranger à Hyères d'Henri Laure - Saison 1910-11
(Coll. médiathèque municipale)
Jusqu’aux années 1860, le développement de la station d’hiver se fait le long d’un axe orienté Est/Ouest, entre les actuelles avenues Riondet et Alphonse Denis. A partir des années 1860/1870, un nouvel axe de développement orienté Nord/Sud apparaît autour des actuelles avenues Alexis Godillot et Gambetta. Il s’agit de relier le centre de la station d’hiver au parc Olbius Riquier et au quartier de la gare nouvellement aménagés.
Durant cette période, l’architecture et l’urbanisme des parties résidentielles de la ville présentent un caractère de plus en plus somptueux et moderne. Le développement de la station d’hiver est souvent liée au mécénat privé. Le maire Alphonse Denis est à l’origine du quartier d’Orient, l’industriel Alexis Godillot est le promoteur de celui des Îles d’Or et le nom du musicien Ambroise Thomas est inséparable de l’aménagement touristique des collines de Costebelle.
Le Boulevard d'Orient à la fin du XIXe siècle
(Coll. médiathèque municipale)
Vers 1914, un ensemble de palaces imposants caractérise la physionomie de la ville. Le Grand Hôtel des Îles d’Or est le premier construit, en 1850 ; le dernier sera le Golf Hotel, en 1905. Mentionnons aussi : l’Hôtel du Parc (1866) devenu le Grimm’s Park Hotel (vers 1900), les Grands Hôtels de Costebelle (vers 1875), le Grand Hôtel des Palmiers et l’Hôtel Continental (1880), le Châteaubriand Britannique Hôtel (vers 1890).
Grand Hôtel d'Albion
Publicité sur les hotels hyérois
(Coll. médiathèque municipale)
Le centre administratif et financier de la station d’hiver était situé le long de l’actuelle avenue Joseph Clotis. Ses immeubles présentaient une continuité et une unité architecturales remarquables. Le bâtiment qui abritait la Banque de France symbolise la prospérité que le tourisme d’hiver de luxe a apporté à la ville durant 150 ans.
Une partie du patrimoine architectural et végétal de la cité est liée à cette période. L’image de la ville s’est d’abord construite autour des orangers avant d’être associée aux palmiers, à partir des années 1830. Les parcs, les places et les avenues étaient réputés pour leur végétation exotique.
Mais cette prestigieuse période de l’histoire de la ville s’achève avec la guerre de 1914-1918 et la crise économique de 1929. Progressivement, la saison d’hiver est remplacée par la saison d’été et la clientèle de luxe par des touristes issus de milieux plus modestes.
Hyères et la Côte d'Azur
(Coll. médiathèque municipale)
Les années 1930 voient la fermeture des palaces et l’arrivée des premiers congés payés dans les camping situés sur le littoral.