Le 15 août 1944, l'opération Dragoon est lancée pour établir une tête de pont en Provence afin de faciliter l'avancée des forces alliées en Europe occidentale et affaiblir les forces allemandes. Près de 350 000 hommes se préparent à débarquer entre Cannes et Toulon pour libérer le sud de la France occupé par les Allemands et les Italiens.
Hyères, grâce à sa position méridionale stratégique, ses ports et ses trois îles, est un lieu convoité depuis l'Armistice de 1940, d'autant plus que le port militaire de Toulon est proche. Les Allemands et les Italiens s'y sont installés et ont mis en place une stratégie d'occupation comprenant des blockhaus, des mines et des batteries d'artillerie. Il n'est donc pas surprenant que les troupes alliées, principalement française, qui ont débarqué sur la côte des Maures pour prendre Hyères et libérer Toulon, aient rencontré une résistance farouche de la part de l'armée allemande.
21/04/1944 : la foule faisant la haie sur le passage des éléments (début des avenues Gambetta, Denis et Îles d'or)
Les combats durent alors cinq jours, au cours desquels la ville d'Hyères est relativement épargnée par les bombardements alliés, contrairement à Toulon et La Seyne voisines. L'aviation alliée concentre ses attaques sur le prestigieux bâtiment du Golf Hotel et la zone de Mauvanne, où quelques 6 000 soldats ennemis font face aux troupes débarquées. Le 21 août 1944, au cinquième jour de l'offensive sur Hyères, l'ennemi a été vaincu et la ville, délivrée, accueille ses libérateurs..
21/08/1944 : Avenue des Îles d'or, quelques heures après la Libération
Le 21 août 1945, un an après la Libération de la ville, Édouard Cordier, maire d'Hyères, donne lecture du témoignage d'un combattant, parmi les premiers à pénétrer dans la ville, vers 13 heures, le 21 août 1944 :
Je veux vous dire que nous avons été frappés de l'accueil enthousiaste dont nous fûmes l'objet ; jamais nulle part nous n'avons constaté tant de joie à notre arrivée, tant d'audace et de courage chez les hommes qui nous sont venus en aide et chez les femmes qui portèrent secours à nos blessés.
Hyères était notre premier combat, en France, et la plupart d'entre nous s'étaient évadés de France très jeunes, pour continuer le combat ; d'autres étaient vétérans de 1940, de Bir-Hakeim et d'ailleurs ; c'est vous dire à quels hommes vous aviez à faire et quelle était l'ardeur de leur élan.
La ville d'Hyères n'a pas déçu notre espoir et l'accueil que vous nous avez réservé en plein combat, cette participation à la bataille nous fut le meilleur soutien après trois jours de lutte acharnée, comme vous le savez.
Quand nous avons quitté la Provence pour prendre le chemin de Strasbourg, nous connaissions votre piété pour nos morts.
(…)
Aussi, et c'est son titre de gloire, nous considérons la ville d'Hyères comme la mère de tous nos morts tombés pour sa libération.
22/08/1944 : Le Colonel Le Petit arrivant à la mairie
Bien sûr, d'autres témoignages sur ces heures décisives, sombres de l'histoire de la ville existent et circulent encore. L'un des plus riches et importants est l'ouvrage, Heures de souffrance, d'espérance et de joie : Histoire de l'occupation de la région d'Hyères et de sa libération. 1940-1944-19445, publié par Gustave Roux en 1948. D'autres ont été constitués par des Hyérois, descendus dans la rue ce 21 août 1944 avec leurs appareils photographiques pour immortaliser des moments historiques tels que la fin des combats, la joie de la libération, les colonnes de prisonniers circulant dans la ville ou encore l'installation du nouveau conseil municipal par le comité local de Libération.
Quelques années plus, certaines de ces photographies, témoignages rares et émouvants du 21 et 22 août 1944, ont été transmises anonymement à la médiathèque qui en assure la conservation pour les générations futures (cote FP 3241).
Désormais numérisées, elles sont aussi accessibles sur le site de la médiathèque, ici.
L'ouvrage de Gustave Roux sur Hyères pendant la deuxième guerre mondiale est consultable, sur demande, à l'Espace Patrimoine (cote FP 703)