Suisse d'ascendance française, élève de Lamarck, proche de Cuvier, précurseur de la taxonomie, Augustin Pyramus de Candolle (1778-1841 ) est l'un des plus importants botanistes de son temps, un scientifique brillant à l'influence pérenne.
Initié à la botanique – pour laquelle il se passionne rapidement - par la Société d'Histoire Naturelle de Genève, il part pour Paris en 1798. Il y étudie la médecine tout en suivant, en parallèle, les cours de René Desfontaines, titulaire de la chaire de botanique au Muséum d'Histoire naturelle et de Jean-Baptiste de Lamarck, l'un des naturalistes majeurs des XVIIIe et XIXe siècles.
Exceptionnellement doué, il remplace provisoirement Cuvier à la chaire d’Histoire Naturelle du Collège de France. Par ailleurs, Lamarck lui confie l’enrichissement et la restructuration de sa « Flore Française » qui paraîtra en 1805 sous l’intitulé « Flore Française de Lamarck par A.P. De Candolle », dans laquelle il ajoute près de 2 000 espèces issues de ses séances d'herborisation.
Portrait d'Augustin Pyramus de Candolle par Joseph Horning (1893)
En 1806, l'état français lui confie une mission : dresser un inventaire de la flore nationale. Il parcourt alors à nouveau l'hexagone afin de s'acquitter de cette mission. Au lieu de faire de cette inventaire une énième flore française (notamment semblable à celle de Lamarck), De Candolle décide de publier une flore constituée exclusivement des plantes les plus rares du territoire français en ce début de XIXe siècle. Il s'adjoint alors les services des graveurs Plée et fils et surtout de Pierre-Jean-François Turpin (1775-1840) qui est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands illustrateurs botaniques de l'ère napoléonienne. Le premier fascicule est publié en 1808 sous le titre Icones plantarum Galliae rariorum nempè incertarum aut nondum delineatarum.
Titulaire de la chaire de botanique à la Faculté de Médecine de Montpellier depuis 1807, De Candolle entreprend aussi d'en modifier le Jardin des Plantes. Il travaille également à sa Théorie élémentaire de la botanique, ouvrage majeur dans lequel est présentée pour la première fois une classification des végétaux basée sur l’anatomie : la taxonomie. Manque de temps ou d'envie, De Candolle ne publiera jamais le deuxième fascicule de son Icones rarorium Galliae rarorium. Il quitte d'ailleurs la France en 1815, persécuté pour avoir accepté, pendant les Cent Jours, le poste de recteur de l'Académie de Montpellier.
Retourné dans sa Suisse natale, il poursuit son œuvre sans jamais revenir sur cette flore rare de France dont il ne reste que le seul premier fascicule. Celui-ci, composé de seize pages et de cinquante gravures en format in-folio (33,5 x 25 cm), décrit cinquante espèces rarement rencontrées en France. Les planches, gravées en noir, restituent parfaitement la finesse et la délicatesse du dessin de Turpin qui est, une fois encore, à la hauteur de sa réputation.
L'exemplaire de la médiathèque, d'une grande fraîcheur - notamment au niveau des planches -, fait partie des acquisitions faites dans la continuité de la bibliothèque d'Alphonse Denis et vient compléter parfaitement les ouvrages que celui-ci possédait sur la flore française (notamment Flora Gallica et Histoire des plantes qui naissent aux environs d'Aix pour les plus rares).
Icones plantarum Galliae rariorum nempè incertarum aut nondum delineatarum / Augustin Pyramus de Candolle
Paris, 1808.
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