À propos de l'acquisition par la médiathèque, en 2021, du recueil de planches de gravures qui illustrent le célèbre voyage en Asie du naturaliste Pierre Sonnerat (1748-1814) dans le dernier quart du XVIIIe siècle.
Quand il publie en 1782 son Voyage aux Indes Orientales et à la Chine fait par ordre du roi depuis 1774 jusqu'en 1781, Pierre Sonnerat (1748-1814) fait sensation. Car en plus d’être un naturaliste confirmé - il a fait sa formation à l'Isle Maurice et à Madagascar, où il a étudié auprès du médecin et naturaliste Philibert Commerson – Sonnerat est un dessinateur et un peintre accompli qui a ramené de ses sept années de voyage un nombre conséquent de croquis botaniques, zoologiques et anthropologiques. Il les confie au graveur Jean-Baptiste-Marie Poisson (1747-1820) afin que celui-ci compose un recueil de planches pour accompagner les deux volumes de texte (respectivement de 376 et 362 pages) que comprend la relation du voyage.
Frontispice du Voyage à la Nouvelle-Guinée (1776) dans lequel Sonnerat se représente en train de dessiner un perroquet.
Sonnerat, par l’intermédiaire de Poisson, fait ainsi paraître une collection de 140 planches relatives à la faune et la flore indienne, aux dieux hindous et à la vie quotidienne en Inde d’une grande précision et d’une grande beauté qui vont – dit-on – contribuer à faire connaître l’Asie et en particulier l’Inde, en Europe, en France, à une époque où l’attrait du lointain Orient de l’Asie n’a pas encore été phagocyté par l’orientalisme mauresque issu de la conquête coloniale.
C’est ainsi que dans les cabinets de lecture, les bibliothèques, on découvre avec merveille les différentes incarnations de Vishnou et les autres dieux de l’hindouisme, les instruments, les bayadères, de nouveaux fruits tels le litchi ou encore une partie de la faune de la côte de Malabar tels que saisis par Sonnerat qui est déjà connu pour un Voyage à la Nouvelle-Guinée (publié en 1776) qui fit découvrir, en France, par d’extraordinaires gravures notamment signées par le célèbre collaborateur de Buffon, François-Nicolas Martinet, le manchot papou, le coco « fesse » ou encore la noix de muscade tout en apportant des données zoologiques et botaniques de premier ordre sur l’archipel des Moluques en Indonésie et sur les Philippines.
À la suite de ses voyages, Sonnerat contribua à introduire dans les colonies le cacao, l'arbre à pain et le manguier rapportés de ses voyages. Ses travaux lui valurent d'être admis à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon et élu en 1774 à l'Académie Royale des Sciences comme correspondant du grand botaniste aixois Michel Adanson.
Acheté pour compléter les deux volumes de textes que possédait déjà Alphonse Denis, l'exemplaire acquis par la médiathèque en 2021 est désormais conservé dans la Réserve avec les autres ouvrages les plus précieux.
Collection de Planches pour servir au Voyage aux Indes orientales et à la Chine
Fonds Alphonse Denis
Cote Na 54
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