Parmi les trésors que contient le fonds patrimonial de la médiathèque, le manuscrit original de Laurence Albani, roman de Paul Bourget, souligne parfaitement les liens historiques qui unissent Hyères et la littérature.
Hyères est une terre de littérature qui influença et nourrit les œuvres d’auteurs de passage (Conrad, Stevenson) ou habitant la commune, ne serait-ce que momentanément (Simenon, Saint-John Perse). De grands livres y ont été écrits ou ont offert des histoires situées sur le territoire, le prestige de ces textes rendant ainsi à la ville ce qu’elle a donné à leurs auteurs. Des trésors ont également été légués à la ville par ces illustres écrivains. Il y a bien sûr le tapuscrit de The Cruise of the Vanadis d’Edith Wharton, mais également le manuscrit du roman de Paul Bourget, Laurence Albani écrit en 1919.
Alors considéré comme un écrivain et un intellectuel majeur de la IIIe République, Paul Bourget découvre Hyères en 1889, soit au moment où son œuvre, jusqu’ici tournée vers le roman d’analyse expérimental – ses études de mœurs ont séduit le public mondain qu’il fréquente, mais aussi une jeune génération en quête de modernité –, bascule pour investir le roman d’idée.
Cette nouvelle orientation offrant des textes davantage psychologiques s’explique par sa volonté d’un retour au catholicisme qu’amorce, en 1889, l’année de son premier séjour hyérois, Le disciple, pour beaucoup considéré comme son chef-d’œuvre.
Toujours est-il que c’est en pleine période de changement de perspective littéraire que Paul Bourget acquière, en 1896, sa propriété du Plantier à Costeblle où il passera tous ses hivers, recevra amis et connaissances, notamment Edith Wharton, l’autre « hyéroise », et écrira la plus grande partie de ses livres – à partir du Démon de midi en 1914. Le Plantier servira de décor à quatre romans : Lazarine (1917), Laurence Albani (1919), Le Danseur Mondain (1926) et, en partie, Le Fantôme (1901).
C’est donc en toute logique que la bibliothèque d’Hyères, grâce à une généreuse donation, a créé un fonds spécifique Paul Bourget contenant près de cent titres, dont un trésor, le manuscrit de Laurence Albani, peut-être le plus hyérois des livres de Paul Bourget.
De quoi est-il question ? Laurence est issue d'une famille pauvre de paysans. Elle passe quelques années auprès d'une Lady anglaise qui va lui faire connaître un autre monde. Au décès de cette dernière, Laurence retourne à la campagne, auprès de sa famille. Elle y retrouve Pascal et Pierre, tous deux amoureux d'elle. Son cœur hésite entre le fermier et l'homme de la ville, mais les circonstances de la vie vont lui permettre de choisir sans hésitation.
Si Laurence Albani n’est pas le meilleur livre de Bourget, il s’agit tout de même d’un roman de bonne facture évoquant avec justesse les mœurs paysannes et proposant une réflexion morale – ou du moins un chemin moral – à travers les choix auxquels est confrontée l’héroïne.
Le manuscrit se présente sous la forme d'un cahier de 23 cm relié en cuir et carton. Il contient 86 pages (numérotation à la main) écrites seulement recto, à l'encre noire, d'une écriture très petite et resserrée, avec quelques ajouts et corrections au crayon.
Laurence Albani
Manuscrit de Paul Bourget
Ms 67